Fabriquer une thyroïde à partir de cellules souches

16 October 2012

Fabriquer une thyroïde à partir de cellules souches permettrait de traiter les problèmes hormonaux liés à une anomalie du développement de cette glande et qui altèrent la croissance, le rythme cardiaque, les métabolismes lipidiques et glucidiques, le fonctionnement du système nerveux central. Les chercheurs du groupe de Sabine Costagliola à l’IRIBHM (ULB) viennent d’y parvenir chez la souris et les résultats sont publiés dans la revue Nature du 10 Octobre.

La thyroïde est une glande endocrine dont le rôle est de métaboliser l’iode apporté par l’alimentation afin de produire des hormones. Ces hormones thyroïdiennes agissent sur les cellules de presque tous les tissus et favorisent le développement des os, du foie, du cœur et du cerveau. Chez l’homme adulte, ces hormones sont en outre reconnues pour agir sur le métabolisme général.

Un enfant sur 3000 nait avec une anomalie du développement embryonnaire de la thyroïde (thyroïde absente, mal positionnée ou atrophiée) qui entraine une carence hormonale (hypothyroïdie congénitale). En l’absence d’apport extérieur d’hormones thyroïdiennes dés les premiers jours de vie, l’enfant présentera un retard mental irréversible. Un traitement hormonal à vie sera en outre nécessaire pour réguler la croissance et le métabolisme de l’individu.

Compenser l’absence de thyroïde fonctionnelle par une greffe de tissu thyroïdien fabriqué à partir de cellules souches pourrait restaurer la production d’hormones et traiter l’hypothyroïdie. En exprimant une combinaison définie de gènes, des chercheurs de l’IRIBHM ont réussi à différencier in vitro des cellules souches embryonnaires en tissu thyroïdien produisant des hormones.

De plus, transplanté à des souris dépourvues de thyroïde, le tissu fabriqué s’avère capable de produire des hormones thyroïdiennes de façon définitive, efficace et régulée, et ainsi guérir l’hypothyroïdie. Ces chercheurs s’attachent maintenant à reproduire ces résultats avec des cellules souches embryonnaires humaines ou en reprogrammant des cellules souches pluripotentes dérivées de cellules de la peau (iPS).

Cette expérience ouvre grand la porte à une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires liés au développement thyroïdien. En outre, elle offre des perspectives thérapeutiques nouvelles pour le traitement de l’hypothyroïdie, mais aussi pour le traitement des cancers thyroïdiens dont l’incidence progresse de façon constante.

 

 

To top